Les contes, les mythes et les légendes font pleinement partie de l’histoire de l’humanité, de notre histoire. Ils s’inscrivent dans une transmission plus que millénaire. L’Oralité, vieille femme sage, parfois timide, tantôt rebelle mais souvent indomptable, avait déjà mainte fois sillonné les continents lorsque l’écriture vînt au monde. Avant les journaux les histoires ont informé. Bien avant la presse à sensation elles ont raconté. Récits de batailles ou de faits héroïques, les histoires collectées et parfois inventées ont pu par le passé servir les peuples en quête de légitimité. Griots et Aèdes, musiciens à la mémoire incroyable, ont été pendant longtemps les gardiens de l’histoire. Ainsi, de bouche à oreille et depuis des temps immémoriaux les récits ont voyagé. D’autres fois les histoires ont simplement aidé à passer le temps. Les veillées d’antan étaient alors l’occasion de se rassembler autour d’anecdotes, de récits de famille et d’histoires de village. Dans un coin, un homme écoutait les histoires tout en aiguisant les lames de ses outils que les travaux des champs avaient fini par émousser. Un enfant récitait une fable de La Fontaine avant d’aller se coucher.
Du temps s’est écoulé depuis emportant avec lui les rires des enfants comme le disait si bien un chanteur célèbre. De nouvelles technologies sont arrivées et ont parfois sensiblement bouleversé les habitudes et modes de vie. Parmi ces nouveautés, la télévision a fait sont apparition. Dans un premier temps trop chère pour équiper les maisons les plus modestes, elle continua de rassembler les gens dans les cafés et les bistros. Puis elle finit par s’inviter dans le quotidien de chacun. Présente dans une grande majorité de nos foyers, elle n’incite plus au dialogue, aux échanges et autres histoires d’autrefois. Faut-il pour autant être nostalgique ? Je ne le pense pas ! Nous avons encore la possibilité de raconter et d’entendre des histoires. Tant qu’il y aura des bouches pour dire et des oreilles pour écouter alors le conte et les histoires vivront.
Les contes, les mythes et les légendes tantôt nous cajolent et d’autres fois nous bousculent. Les histoires font peur comme elles émerveillent au fil des mots et des péripéties. Elles sont une invitation au voyage vers d’autres horizons ou à l’intérieur de soi. Elles racontent ce qui a été pour que l’on n’oublie pas d’où nous venons. Elles disent les travers des hommes et du temps pour que nous ne fermions plus les yeux face aux erreurs du passé qui tendent à se répéter. Les contes comme les fables ont su se faire rusés comme renard pour faire passer leur message. Donnant vie à des animaux pour mieux nous parler des hommes, les histoires nous conteront le temps jadis pour que nous réfléchissions au présent. Elles n’ont cependant pas la prétention de dire ni de faire connaître La vérité tant cette dernière semble insaisissable et multiple. Elles donnent parfois à réfléchir, prêtent à rire, sourire ou ne sont là que pour nous divertir. Il y a probablement autant de contes qu’il y a d’individus différents. Chacun d’entre eux est précieux. Enfin, les histoires permettent de nous accepter tels que nous sommes. Elles nous amènent à accepter l’autre aussi, à ouvrir son cœur, ses bras, à tendre les mains et à ne plus avoir peur. Il y aurait encore tant de choses à dire sur l’art du conte mais je terminerai là en disant que c’est avant tout d’agréables moments à partager…